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Date de création : 05.07.2010
Dernière mise à jour : 05.07.2010
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Publié le 05/07/2010 à 20:58 par abistodenas

Adichatz brava gent !

 

Vous trouverez ici quelques-uns des mots et expressions les plus employés dans le parler familier du Sud-ouest de la France.

 

                                 La langue du Sud-ouest de la France est bien entendu, à la base,L’OCCITAN. Il faudrait y rajouter le basque et le catalan, mais ces deux langues n’ont pas été prises en compte en tant que telles dans l’élaboration de ce lexique.

Chacun sait que l’occitan bien que défendu et protégé comme une espèce en voie de disparition, n’est hélas plus parlé de manière naturelle, que par de rares locuteurs âgés, par quelques militants des instituts spécialisés, par deux ou trois journalistes de la chaîne régionale de télévision et enfin, de manière occasionnelle, par les professeurs et élèves des calandrettes .
En Espagne par exemple, les langues régionales comme le catalan, le basque ou le galicien ont leur enseignement, leur presse, leur(s) chaîne(s) de télévision captées par satellite dans le monde entier. Journaux, films, séries et spots publicitaires sont émis dans ces langues sans qu’intervienne le moins du monde la langue nationale, sauf si le reportage porte sur un événement extérieur à la communauté linguistique, ou bien sur le reste de l’Espagne, auquel cas la langue est traduite au moyen de sous-titrages.


La France n’a pas eu de politique linguistique similaire. Ici, quand on propose par exemple de traduire modestement les noms de rues d’un village en occitan, on répond souvent que ça coûte cher après avoir émis un regard interrogateur : pour quoi faire ?


La France vient de reconnaître les langues régionales dans la Constitution au titre du patrimoine national (enfin ! le 23 mai 2008). Mais est-ce le moment ? Oui bien sûr il n’est jamais trop tard, on ne va pas porter le coup de grâce aux langues régionales à l’agonie ! Mais pourra-t-on revenir en arrière, faire que les Occitans parlent leur langue au quotidien ? (Occitan, parla ta lenga ! Es fotut ! disent déjà certains). Mais beaucoup ne baissent pas les bras, ne les baissons pas non plus !

 

Le propos de ce dictionnaire, pour la troisième fois est de constater que, malgré cette défaite de la langue d’OC face à l’armada victorieuse de la langue d’OÏL, l’occitan a laissé dans le français parlé dans le Sud-ouest des traces bien visibles ou plutôt bien audibles. Des mots d’abord, puis des expressions, un accent, un rythme et des tournures propres. Bien sûr ce parler ou cette manière de parler franco-occitans tendent à disparaître, remplacés par un français standard véhiculé - ou involontairement imposé - par les migrants – ingénieurs, étudiants, techniciens, ouvriers, employés ou retraités venus de tous les coins du pays et de l’Europe – que les trois métropoles de Bordeaux, Toulouse et Montpellier attirent chaque année davantage.


Cette normalisation ou standardisation de la langue nationale a conduit les plus vieux ou les plus enracinés dans ce “Méridion “, la diaspora éloignée de la terre natale (del Païs) ainsi que les plus nostalgiques, à se raccrocher au parler de leur enfance, celui de leurs aïeux et à vouloir en ressentir la saveur oubliée. Ainsi emploiera-t-on sciemment ou inconsciemment des mots ou des tournures entendus en occitan et que l’on aura francisés, afin d’apporter au français de tous les jours une empreinte familière.
Alors pour sourire ou pour un complément d’expressivité on dira, “Je te me suis espatarré devant tout le monde ! J’avais pas l’air couillon, tê !”, ou bien “Dis-moi, toi qui t’y entends, elle mesure combien cette chambre, à bisto de nas?” ou encore “Ouh ! Je sens que le temps va changer, mes agacis me font souffrir”.
Certains par contre croiront parfaitement parler français en disant “Zut, j’ai tombé le stylo”, “Quitte-toi le pull si t’as trop chaud”, “Donne-moi-s-en un”, “Putain, con, il y a un de ces roulages sur le périf ce soir”, “Le panier que tu cherches, il suspend dans le garage”, “Va lui aider à mettre la table”, “Tu l’as remerciée à mamie, toi ?”, “Tu as vu que tu t’es mis de la terre par les pantalons !”, “Mets-toi le chapeau, que tu vas m’attraper un coup de soleil !”, “Depuis qu’il est parti je le trouve de manque”… Sans parler de la chocolatine et autre poche des commissions qui sont maintenant connues dans le pays tout entier au même titre que la wassingue et les biloutes du Nord-Pas-de-Calais.
Les mots et expressions que l’on trouvera ici sont le fruit d’une moisson patiente effectuée sur une trentaine d’années. Les plus nombreuses sont celles que j’ai entendues prononcer autour de moi, dans mon enfance surtout, et au cours de mes périples dans les régions du Sud-ouest . On a pu en lire dans Avé plaisir, puis dans A bisto de nas et La Bise et l’Autan. Depuis, les lecteurs déçus de ne pas trouver leur lexique préféré dans ces trois ouvrages m’ont abondamment approvisionné en expressions de leur “pays”. Chaque fois que celles-ci pouvaient trouver une paternité occitane dans les dictionnaires de Louis Alibert, en ce qui concerne le LANGUEDOCIEN, et de Simin Palay pour ce qui est du GASCON, elles ont trouvé leur place dans le nouveau lexique que vous avez sous les yeux.


Nombreux seront les lecteurs qui “trouveront à redire” car LEURS mots n’y sont pas. Mais comment réaliser un lexique exhaustif avec des mots qui n’existent dans aucun dictionnaire, des mots fabriqués de toute pièce à partir du “patois ” ? Alors on pourra chipoter sur TOUT, sans hésitation car si ici on dit chaoupiner, là on dira tchaoupiner. Ici atchiouler, là-bas atchouffer. D’un côté milo diou, de l’autre mila dious ou même milo ditz !


A un moment donné, il a fallu choisir. J’ai choisi. Arbitrairement ? Les dictionnaires occitans m’ont encouragé à garder ceci et à laisser cela. D’autres mots apparaîtront à un autre moment. Car si la plupart sont connus dans la région entière, certains sont employés uniquement au sein de certaines familles ou de certains villages. Mais ne faut-il pas les préserver aussi de l’oubli ?


En feuilletant cet ouvrage chacun pourra dire de tel ou tel mot: “Ça y est !” ou “Ça n’y est pas!”. Mais que chacun se rassure : il y aura toujours quelque autre lexique “par-là” qui les mentionnera, tant la nostalgie de l’époque où l’on employait vraiment ce vocabulaire est forte, se répand et fait fleurir les multiples “dictionnaires-albums-souvenir” aux six coins de l’Hexagone.
Bernard VAVASSORI